Contrôlé dans sa quasi-totalité par Belin, Editis, Hachette Education et Magnard côté édition, le marché du livre scolaire est dominé par une poignée de revendeurs côté diffusion, quoique de façon moins concentrée : "La LDE, Cufay, EMLS, la Sadel, Vauban, et Pichon pour le primaire ont totalisé environ 40 % des ventes l’an dernier, contre 25 à 30 % en 2015", estime Didier Mollet, directeur commercial d’Hachette Education. La part de ces six spécialistes a mécaniquement augmenté en raison de la spécificité d’une année de réforme, qui entraîne de grandes commandes via appels d’offres (ou adjudications). En dehors de ces périodes exceptionnelles, la part des libraires se maintient notamment avec les achats de cahiers d’exercices annuels et les commandes de réassort des communes.

"Je ne descends pas ma remise en dessous de 9 %, mais j’apporte un service complet", insiste Olivier Barbier. Le gérant de La Ruche aux livres, à Wavrin, dans l’agglomération de Lille (Nord), fidélise ainsi quelques écoles primaires et des établissements privés du secondaire. En Normandie, après la fermeture de La Procure à Rouen, qui dominait le marché des collèges de la région, La Galerne est revenue dans les établissements de l’agglomération du Havre (Seine-Maritime), indique Cyrille Legrand, responsable du rayon scolaire et universitaire, mais en accordant le rabais devenu la norme de ces ventes très disputées : elle oscille autour de 25 %, alors que la remise du libraire est plafonnée à 31,5 %. Les librairies Hémard, à Sézanne (Marne), ou Birmann, à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), font aussi jeu égal avec les grands adjudicataires dans leurs régions respectives, en assurant un service rigoureux, et se chargeant eux-même du transport pour récupérer quelques points de marge. Egalement spécialistes des fournitures scolaires et de la papeterie en tant qu’adhérent du réseau Majuscule, ils entretiennent de toute façon un service de livraison toute l’année. Vauban, à Lexy (Meurthe-et-Moselle), tient aussi très fermement un réseau d’établissements fidèles dans sa région, et au-delà à présent.

A partir d’Abbeville, Cufay s’est maintenant étendue dans la France entière. "Nous livrons 1 400 collèges sur 7 000. Nous avons expédié 2 millions de manuels l’an dernier et notre activité a plus que doublé, à 28 millions d’euros contre 12 l’année précédente", explique Thierry Damagnez, patron de cette librairie organisée pour faire face aux brusques hausses du secteur, suivies de plongeons tout aussi importants. EMLS, à Aix-en-Provence, encore plus dépendante du collège, reconnaît son patron Loïc Heydorff, a vu son chiffre d’affaires passer de 6 à 26 millions d’euros, entre 2015 et 2016. Comme Cufay ou la LDE, EMLS a aussi démarré un service numérique, alors que les petits indépendants laissent les établissements traiter directement avec les plateformes des éditeurs (CNS pour Editis, KNE pour Hachette-Hatier, Edulib pour Belin-Magnard). "Ce n’est absolument pas rentable pour le moment, mais c’est un service à nos clients", juge Thierry Damagnez, "et nous sommes en phase d’acquisition d’expérience", ajoute Loïc Heydorff. Pour les libraires comme pour les éditeurs, la transformation numérique pourrait permettre de lisser l’activité des ventes scolaires. d H. H.

19.04 2017

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