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L'éditeur Rouquemoute mise tout sur le financement participatif

Maël Nonet, créateur des éditions Rouquemoute, à Lyon BD Festival en juin 2018. - Photo Francesco Lamonaca pour Lyon BD Festival

L'éditeur Rouquemoute mise tout sur le financement participatif

Depuis presque deux ans, chaque ouvrage édité par Rouquemoute fait l’objet d’une prévente sur les plateformes de financement participatif. Assumé, ce modèle économique unique en France semble porter ses fruits.

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Par Cécilia Lacour,
Créé le 19.07.2018 à 11h14

Le temps imparti n’est pas encore écoulé que Rouquemoute a déjà atteint plus de 150% de ses objectifs sur Ulule, plateforme de financement participatif, pour assurer la prévente de Divine Comedy de Glez et Wesh Caribou d’El Diablo, qui sortiront respectivement en librairie les 21 août et 5 octobre. 

Fondée à l’automne 2016, Rouquemoute est la seule maison d’édition française à intégrer le financement participatif dans son modèle économique. Depuis sa création, cette maison d’édition indépendante nantaise dont la ligne éditoriale explore le champ de l’humour, a financé la publication de 18 ouvrages à travers 10 campagnes. Aucune d’entre elle n’a échoué. Impressionnant ? Pas tant que ça, à en croire Maël Nonet, éditeur et gérant de Rouquemoute. "Les objectifs de prévente sont assez bas" et seraient donc plus faciles à atteindre. 

Une rémunréation des auteurs transparente

L’éditeur, également chargé de communication au sein de sa propre agence Barberousse, a fait le choix de s’en remettre au financement participatif pour "ne pas dépendre uniquement des ventes en librairie". Pour autant, Maël Nonet se défend d’une éventuelle concurrence déloyale à l’encontre des libraires. "Plus les préventes sont élevées, plus les ventes en librairie sont importantes", observe-t-il. 

Outre l’avantage financier, le recours systématique au crowdfunding permet au catalogue de Rouquemoute de gagner en visibilité et de se créer une communauté "grâce aux contreparties et aux ventes d’originaux", explique Maël Nonet. Très explicite sur son approche, il affirme également: "Je ne quémande rien, je vends des livres". 

Selon lui, ce système permet aussi de rémunérer les auteurs dès la fin de la phase de prévente, à hauteur de 20% du chiffre réalisé. Ces derniers reçoivent ensuite des droits en fonction des ventes en librairie et en ligne, comme l’indique l'éditeur, dans une forte volonté de "transparence", sur son site internet.

Plus de 100000 euros de CA

Ce modèle économique atypique semble porter ses fruits puisque l’éditeur, diffusé et distribué en France par Les Belles Lettres, a dépassé son objectif de 100000 euros de chiffre d’affaires pour sa deuxième année comptable. Un score qui se répartit à 30% pour son activité de communiquant et à 70% pour l’édition, précise Maël Nonet. 

Pour développer son affaire, l’éditeur écume les festivals mais souhaite "explorer d’autres canaux de vente". Il a notamment pour projet de faire une tournée de bars nantais pour présenter son catalogue. "Dans un bar, les gens sont déjà prêts à consommer et généralement disponibles pour écouter la petite maison d’édition du coin", souligne Maël Nonet, qui a déjà tenté l’expérience une première fois. 

S’il veut privilégier une "démarche locale autant que possible" avec des ouvrages imprimés par Pollina, en Vendée, Maël Nonet voit Rouquemoute se développer à l’international "sans le vouloir". Ses ouvrages séduisent des expatriés français d’une dizaine de pays européens et américains. Et c’est sans compter l’album Wesh Caribou dont les préventes seront envoyées, à 50% au Canada. Pour la diffusion canadienne, c'est le distributeur local Dimédia, partenaire des Belles Lettres, qui proposera le titre en octobre prochain. 
 

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