24 mai > Roman Inde > Karan Bajaj

Comme nombre de ses compatriotes, Karan Bajaj est un Indien de la diaspora, qui a fait sa vie aux Etats-Unis. Consultant marketing à New York, il donne aussi des conférences, des cours de yoga et de méditation. Et il a écrit ce livre très indien, roman certes, mais inspiré de ses expériences personnelles: une année sabbatique, avec sa femme Kerry, dans différents centres bouddhistes d’Europe et dans plusieurs ashrams indiens. On n’échappe pas à son ADN.

Le héros, Max Pzoras, 29 ans en 2010, est un prolo fils d’immigrés grecs misérables, qui s’en est sorti à la force du poignet. Boursier, il a étudié à Harvard et travaille maintenant comme trader à la Trump Tower. C’est aussi un sportif accompli. Il traîne un lourd passé, un père mort des poumons quand il avait 5 ans, une enfance terrible dans le Bronx parmi les dealers, les camés, les délinquants, une jeune sœur, Sophia, qui l’inquiète et qu’il se reproche de ne pas assez entourer, une amoureuse, Keisha, qu’il a sacrifiée à sa réussite professionnelle, quand il avait 17 ans. Quant à sa mère, femme de ménage, elle vient de mourir, épuisée, à 49 ans. Alors, quand, en plein hiver, Max rencontre, à moitié nu dans la neige, un moine indien qui nourrit les SDF et qu’il commence à discuter avec lui, il se produit en lui un choc. Il craque, se lance dans des recherches sur les yogis, tombe sur l’histoire d’un médecin brésilien parti vivre dans l’Himalaya, et décide, à son tour, de tout lâcher et de se rendre l’Inde.

Commence une très longue quête initiatique, qui dure plusieurs années. Il gagne d’abord l’Himalaya, où, en dépit de l’accueil des Indiens, directs, hospitaliers, drôles et toujours prêts à aider l’étranger (notamment Omkara et Shiva, les deux jeunes motards de l’extrême qui rêvent de Cincinnati), il échoue parce qu’il n’est pas assez préparé à affronter le climat et l’ascèse. Puis il migre vers le Sud, le Tamil Nadu, où on lui a indiqué l’ashram de Ramakrishna, près de Pavur. Là, il va vivre un véritable enfer, jusqu’au bout de lui-même, pour devenir enfin un yogi, surnommé Mahadeva ("Celui qui est puissant"). Après quoi, enfin prêt pour la grande confrontation, il repart pour l’Himalaya, afin de devenir un sadhû, de sortir enfin du cycle des existences, et d’exorciser tous les fantômes de son passé. En reviendra-t-il?

A la fois road-trip, quête initiatique, manuel de yoga réservé aux initiés, c’est un roman très tendance que Bajaj a écrit, et l’on comprend pourquoi il a séduit le public américain.

Jean-Claude Perrier

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