Disparition

Le philosophe et romancier iranien Daryush Shayegan est mort le 22 mars à l'âge de 83 ans. Il était dans le coma depuis deux mois. Spécialiste des religions orientales et indiennes, il avait, à travers ses multiples ouvrages, critiqué la domination occidentale dans la pensée philosophique, cherchant par ailleurs à explorer l'héritage et les traditions de la culture orientale. Né d'un père iranien d'origine turc et d'une mère géorgienne le 2 février 1935, il avait été élevé par une nourrice russe et été éduqué dans une école française de Téhéran, avant de poursuivre ses études en Europe, où il obtint un doctorat en philosophie à la Sorbonne.

Grâce à cet apport multiculturel, ce professeur de sanskrit a essayé de développer un dialogue entre les civilisations. Grande médaille de la francophonie de l'Académie française en 2011, il a été l'auteur de nombreux livres traduits dans le monde, y compris en France.

Il laisse une œuvre foisonnante composée d'essais et de romans: L'Asie face à l'occident (1977, non traduit), Hindouisme et Soufisme (1979, La différence), Qu'est-ce qu'une révolution religieuse? (1982, Presses d'aujourd'hui), Le regard mutilé: schizophrénie culturelle, pays traditionnels face à la modernité (Albin Michel, 1989), Les illusions de l'identité et Sous les ciels du monde, livre d'entretiens avec Ramin Jaganbegloo (Le félin, 1992), Hindouisme et soufisme (Albin Michel, 1997), La lumière vient de l'Occident (L'Aube, 2001), Terre de mirages (L'Aube, 2004), ou encore Henry Corbin: penseur de l'islam spirituel (Albin Michel, 2011) en hommage à son professeur de la Sorbonne. Son dernier ouvrage publié en France, chez Albin Michel, est sorti en novembre dernier. L'âme poétique persane, à laquelle il vouait une véritable vénération, est l'étude des œuvres des cinq grands poètes persans (Ferdowsî, Khayyâm, Rûmî, Sa'dî, Hâfez) et leur influence sur la pensée et la spiritualité iraniennes.

Daryush Shayegan espérait que l'Iran s'ouvre au monde et au changement, critiquant le régime de plus en plus fermé de son pays. Il constatait chez les jeunes Iraniens cette identité duale, à la fois perse et occidentale.

Dans La conscience métisse (Albin Michel, 2012), il écrivait: "Le vent de liberté qui a soufflé récemment sur le monde arabe présage là aussi un espoir, espoir que, quelque particularité culturelle et religieuse que nous ayons les uns et les autres, il y a toutefois des valeurs qui transcendent ces particularismes nationaux et ethniques et concernent l'humanité tout entière."

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