Disparition

Editeurs, auteurs et libraires n’ont pas tardé à réagir, ce 4 janvier, à l'annonce de la disparition de Paul Otchakovsky-Laurens, fondateur de P.O.L, mort des suites d’un accident de voiture survenu le 2 janvier à Marie-Galante, au sud de la Guadeloupe. L’éditeur se trouvait sur la petite île antillaise en compagnie de sa femme, Emmelene Landon, qui a été blessée.

Antoine Gallimard, P-DG du groupe Madrigall auquel appartient P.O.L., s’est dit "particulièrement frappé" par cette nouvelle. "C’était un éditeur qui avait compris l’importance de construire des liens avec ses auteurs, il était le noyau d’une très belle constellation", a-t-il déclaré à Livres Hebdo. De son côté, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a salué dans un communiqué "la véritable complicité intellectuelle et artistique" que Paul Otchakovsky-Laurens entretenait avec ses écrivains.
 
"Son sourire, son regard, son élégance et ses sous-entendus" resteront gravés dans la mémoire d’Antoine Gallimard mais aussi d’autres éditeurs comme Joëlle Losfeld, créatrice de la maison qui porte son nom, et Marion Mazauric, fondatrice du Diable Vauvert.
 
"Nous avons partagé la même cour, rue Saint-André-des-Arts, pendant des années. Nous étions voisins, amis. C’était un éditeur exceptionnel qui était entouré d’une équipe elle aussi exceptionnelle", a raconté Joëlle Losfeld à Livres Hebdo.

De son côté, Teresa Cremisi, ancienne P-DG de Flammarion, retient "son amitié et ses encouragements". Des encouragements qui prirent une importance particulière lorsque Paul Otchakovsky-Laurens la "poussa à prendre la présidence de la commission de l’Avance sur recettes au Centre national du cinéma (CNC)", un poste que l’éditrice franco-italienne occupe depuis 2015. Avant elle, l’éditeur siégea à cette même commission entre 2013 et 2015, comme l’a rappelé dans un communiqué la présidente du CNC, Frédérique Bredin : "Le cinéma, une autre passion de ce grand éditeur qui aimait tant les histoires. Paul Otchakovsky-Laurens a longtemps œuvré au sein de la Scelf (Société civile des éditeurs de langue française) qui organisait au Salon du livre des rencontres avec une centaine de producteurs afin de favoriser le passage du livre à l’écran", a-t-elle écrit.
 
Paul Otchakovsky-Laurens au FID, avec Emmelene Landon, Jean-Jacques Viton et Liliane Giraudon.- Photo FID - DR
Dans le monde du cinéma, l’équipe du Festival international du documentaire (FID), dont il était président, a tenu à s’associer "à tous ceux, nombreux, qui en grand deuil, vont se trouver orphelins de lui". Toute l’équipe a salué un "homme immense [...] dans ses affections comme dans ses engagements, et jusque dans sa modestie".

Côté libraires, le Syndicat de la librairie française a mis en avant "la défense de catalogues" comme celui de P.O.L :  "Les libraires entretiennent avec l'édition telle que la vivait Paul Otchakovsky-Laurens, "une activité subjective, sentimentale et déraisonnable", des liens fraternels et complices". Des pensées partagées par les libraires de la librairie Mollat qui ont fait part sur son site de leur «surprise» et de leur «tristesse" tout comme le fondateur de la librairie Lucioles (Vienne), Michel Bazin"La mort de Paul m’attriste profondément. Son exigence a accompagné toute ma vie de libraire. Avec Christian Bourgois , avec qui il avait fait ses débuts dans l’édition, il était pour moi une figure tutélaire. Je lui dois mes plus belles découvertes, mes plus fortes émotions de lecteur et mes plus belles rencontres. Grâce à lui j’ai pu créer des liens d’amitié avec Charles Juliet", a-t-il expliqué à Livres Hebdo.

Qu’ils aient été publiés ou non par la maison, les auteurs ont également fait savoir leur tristesse à l’annonce de la mort de cet éditeur qui manquera cruellement au monde de la culture:

Entré chez P.O.L. en 2009 avec Le chœur des femmes, Martin Winckler s’est confié sur son blog: "Ce n’est pas un ami que je viens de perdre, c’est l’un de mes meilleurs amis. Et plus que ça encore. Un mentor. Un confident. Un frère." Et l’auteur d’ajouter: "J’étais fier et infiniment gratifié d’être publié dans sa maison. C’était vrai quand Paul était vivant. Ça n’est pas moins vrai à présent qu'il a disparu. La maison P.O.L. est toujours debout, et avec tou.te.s ses autres habitant.e.s, je continuerai à travailler à l’œuvre commune. "

La date et le lieu des obsèques ne sont pas encore connus.

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