2 mars > essai Nigeria > Chimamanda Ngozi Adichie

Chimamanda Ngozi Adichie fait partie des rares auteures adulées aujourd’hui comme des rock stars. A l’instar d’Alain Mabanckou, elle cultive un look hyper stylé, reflétant la fierté de ses racines africaines. Une aubaine pour ses fans qui veulent l’imiter. Née en 1977 au Nigeria, la jeune quadra peut se targuer d’être traduite en trente langues. Tant L’hibiscus pourpre (Anne Carrière, 2004, Folio) que L’autre moitié du soleil (Gallimard, 2008), sur la guerre du Biafra, confirment son talent. Comme bon nombre de ses compatriotes, elle part étudier aux Etats-Unis, à 19 ans. C’est là qu’elle réalise pour la première fois qu’elle est noire. Ce constat lui inspire son roman d’amour Americanah (Gallimard, 2014).

Mais Chimamanda est aussi une plume engagée et une figure de proue du militantisme pour la démocratie en Afrique et le droit des femmes. Aussi son amie Ijeawele lui demande-t-elle conseil lorsqu’elle donne vie à une petite fille. A moins que ce ne soit un procédé littéraire visant à introduire "un manifeste pour une éducation féministe". L’écrivaine ne joue pas à la spécialiste, mais à la jeune mère confrontée à "l’urgence morale qu’il y a à nous atteler à imaginer ensemble une éducation différente pour nos enfants, pour tenter de créer un monde plus juste à l’égard des femmes et des hommes".

Loin des positions moralisatrices, Chimamanda formule quinze suggestions empreintes d’humour et de bon sens. Une lettre construite dans l’esprit de Mariama Bâ et de Simone de Beauvoir. Une femme se construit pas à pas, elle n’a pas à subir, mais à agir. "Ton postulat de base : Je compte autant. Un point c’est tout. Superwoman n’existe pas. Accorde-toi le droit d’échouer." Pour l’auteure, "être féministe, c’est comme être enceinte. Tu l’es ou tu l’es pas. Tu crois à l’égalité pleine et entière entre les hommes et les femmes."

Autre cliché à désamorcer : "Le féminisme et la féminité ne sont pas incompatibles." L’identité constitue également un cheval de bataille. Issue de la communauté igbo, l’essayiste défend "l’inaliénable beauté et la résilience des Africains et des Noirs". Le racisme et le sexisme l’exaspèrent. Et de préconiser la lecture au bébé qui vient de naître. "Les livres l’aideront à comprendre et à questionner le monde. Qu’elle ait la vie qu’elle désire." Un must pour la Journée de la femme, le 8 mars. K. E.

Les dernières
actualités