Bibliothèques universitaires

Malgré les progrès accomplis au cours des vingt dernières années, la France accuse encore un déficit important en matière de mètres carrés de bibliothèques universitaires et de places de travail. C’est ce que met en lumière un récent rapport de l’Inspection générale des bibliothèques, "L’adaptation des bâtiments des bibliothèques universitaires aux nouveaux usages : bilan des constructions récentes et perspectives", réalisé par Philippe Marcerou. De 1995 à 2020, les programmes nationaux successifs auront permis de construire ou de rénover au moins 230 établissements, soit 650 000 m2 et 80 000 places de lecture supplémentaires, mobilisant 1,7 milliard d’euros de crédits publics. Cependant, ces efforts ne permettent toujours pas d’atteindre les ratios préconisés de 1 m2 par étudiant et de 1 place pour 10 étudiants. La France reste loin derrière d’autres pays comparables comme l’Allemagne, qui affiche 2,1 m2 par étudiant et 1 place pour 6. La population estudiantine ayant considérablement augmenté, les ratios n’ont en fait quasiment pas évolué en France depuis 2010. Ils étaient toujours estimés en 2015 à 0,7 m2 par étudiant et 1 place pour 12 étudiants. La situation reste tendue en Ile-de-France, et particulièrement à Paris, où le manque, estimé en 2010 à 180 000 m2 et 13 000 places, devrait encore s’aggraver dans les années à venir. En province, la réalité est très inégale. Quelques villes tirent leur épingle du jeu, comme Avignon qui dispose de 1,25 m2 par étudiant et de 1 place pour 9.

Compte tenu des perspectives d’augmentation de la population étudiante en France, estimée à + 1,6 % par an jusqu’en 2025, il faudrait, affirme Philippe Marcerou, construire 540 000 m2 et 34 000 places d’ici à 2030, en plus des constructions déjà programmées et financées. Qu’on les nomme bibliothèques ou learning centers, ces bâtiments récents ou à venir ont intégré les évolutions de la documentation, des pratiques pédagogiques et des attentes des usagers. Plus axés sur les services et moins sur les collections qu’auparavant, ils offrent des espaces modulables, connectés, des conditions d’étude diversifiées avec des places de travail individuelles mais aussi des salles pour les groupes et pour la formation. Philippe Marcerou avance plusieurs préconisations, parmi lesquelles la création d’un dispositif de pilotage et de suivi des constructions de BU à l’échelle nationale.

Véronique Heurtematte

19.04 2017

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