1er mars > Nouvelles France > Philippe Claudel

Pour Noël, trois hommes, achetés et attachés au sapin, finissent enterrés au fond du jardin. Un galeriste vend à prix d’or les cadavres de SDF morts de froid devant sa vitrine, comme si c’étaient des sculptures d’artistes. Durant son séjour dans un village de vacances, une famille adore sortir en mer en bateau pour faire chavirer et sombrer des embarcations fragiles de migrants. Chez les mêmes, par souci d’écologie, on mange les cadavres de ses vieux, plutôt que de les incinérer. Merci pour la couche d’ozone. Ou encore, en visite dans un "parc à pauvres" où l’on déporte les nécessiteux après les avoir raflés, enregistrés, tatoués et gratifiés d’un bel uniforme à rayures, un certain Brognard, furieux que sa femme ait tenté d’en nourrir un alors que c’est interdit, la répudie. Devenue pauvre, il l’abandonnera dans le parc… Voilà quelques-unes des nouvelles "inhumaines" de Philippe Claudel, où il est aussi question d’esclavagisme, de cannibalisme, de partouzes, de congélation de nouveau-nés, de philosophes étiques qui donnent des leçons, en échange d’un repas chaud, aux salopards ordinaires, bêtes et méchants, qui sont les "héros" de ce livre. On l’aura compris, l’académicien Goncourt a décidé de ne pas faire dans la dentelle pour stigmatiser sèchement, en 25 nouvelles, notre monde comme il ne va pas. On pense à Hara-Kiri, à Dino Risi et ses Monstres, à Franquin et ses Idées noires. "Rire aux larmes", dit une expression populaire : on hésite. J.-C. P.

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