Mutualisation

Comment Canal BD est devenu une référence

Marc Szyjowicz, président du GLBD, et Bruno Fermier, délégué général. - Photo photo olivier dion

Comment Canal BD est devenu une référence

Unique dans la librairie française, le groupement coopératif GLBD, qui réunit 113 librairies indépendantes, fête ses dix ans et les vingt ans de son enseigne Canal BD, avec un beau bilan.

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Par Clarisse Normand,
Créé le 20.01.2017 à 00h35 ,
Mis à jour le 24.01.2017 à 08h57

Lors du 44e Festival de la bande dessinée d’Angoulême, les librairies Canal BD fêteront lors d’une soirée le 26 janvier les 10 ans du GLBD, le Groupement des librairies de bande dessinée qu’elles ont créé. L’occasion pour son président, Marc Szyjowicz, également gérant de BD Net à Paris (11e), de mettre en valeur "le rôle que cette structure, unique dans la librairie, joue dans la pérennisation du métier de spécialisé BD. En tant que société anonyme coopérative, GLBD développe pour les libraires indépendants des outils leur permettant de mieux acheter, mieux vendre et mieux gérer leur activité. Résultat, elle a permis à certains de se développer, et à d’autres d’ouvrir leur propre boutique. Aujourd’hui, 90 % des spés BD qui se créent rejoignent d’entrée de jeu notre groupement."

Loin du scepticisme suscité lors de sa création, le GLBD est devenu une référence en matière de mutualisation et n’a cessé d’élargir son périmètre. Fin 2016, il réunissait 113 adhérents, contre 99 un an plus tôt, et représentait un chiffre d’affaires annuel de 55 millions d’euros, en hausse de 11 % à périmètre réel et de 4,5 % à périmètre comparable. "Notre réseau représente désormais 15 % du marché de la BD", estime Bruno Fermier, délégué général du GLBD.

Annonçant l’arrivée imminente de deux nouveaux membres, Point Virgule à Aurillac et La Tête à Toto qui doit ouvrir à Paris (rue Poissonnière, dans le 2e), Marc Szyjowicz n’exclut pas que le groupement réunisse d’ici à dix ans quelque 200 librairies : "Il y a encore un potentiel de développement non négligeable avec les ouvertures qui pourraient avoir lieu dans des villes aujourd’hui dépourvues de spé BD." Pour autant, plus que la quantité, c’est la qualité des hommes réunis au sein du GLBD qui fait sa force, estime Bruno Fermier, rappelant que "le groupement repose certes sur une structure de deux permanents, mais aussi sur ses coopérateurs qui participent activement au développement des outils, qu’ils soient commerciaux, informatiques ou autres".

A côté de l’édition de magazines, BD et mangas, tirés respectivement à 70 000 et à 35 000 exemplaires, mais aussi d’un catalogue de fin d’année et de la mise en place dans les magasins d’écrans vidéo promotionnels, le GLBD a développé depuis plusieurs années déjà un portail marchand et un observatoire des ventes. Surtout, grâce à lui, les librairies Canal BD se sont imposées comme des partenaires clés pour les éditeurs et diffuseurs en leur permettant de déployer, sur un canal privilégié, des opérations commerciales d’envergure nationale telles que des mises en avant dans les vitrines, des animations mais aussi des tirages spéciaux dédiés au réseau.

Des remises négociées

Cette force de frappe a permis au GLBD de négocier pour toutes ses librairies adhérentes, même celles qui viennent d’ouvrir, des conditions commerciales communes, dont des remises "qui ne descendent pas sous la barre des 40 %", assure Bruno Fermier. Mais en tant que société commerciale, le groupement a aussi su rentabiliser ses outils. Outre les cotisations des adhérents et les revenus publicitaires de ses magazines, il perçoit des revenus de la vente aux diffuseurs de certaines données de son observatoire ainsi que de la location aux éditeurs des vitrines chez les libraires qui suivent ses préconisations.

Fort de ces différentes actions, le GLBD a été distingué en 2014 par la Fédération du commerce coopératif et associé qui lui a décerné son premier Trophée de la performance économique.

Avec un budget de l’ordre du million d’euros et de légers bénéfices chaque année, le groupement poursuit sa mission et annonce avoir engagé de nouveaux axes de travail pour les dix prochaines années. Sans trop lever le voile sur ses projets encore en gestation, Marc Szyjowicz évoque l’amélioration prochaine de certains outils, à commencer par une nouvelle version du site Internet et le lancement d’un service de livraison express à partir du stock des magasins, ou encore une nouvelle version des écrans vidéo qui autorisera les libraires à personnaliser une partie des informations, notamment en intégrant leur programme d’animations. Dans un autre registre, un nouveau service d’intérim est sur le point d’être proposé aux adhérents. Assuré par Michel Clair (membre fondateur du GLBD et ex-libraire spécialisé à Creil), l’objectif est de permettre aux libraires de toutes petites structures de s’absenter pour un temps limité, par exemple celui des vacances, sans pour autant fermer.

Mais les efforts du GLBD porteront surtout à l’avenir sur "l’amélioration de la gestion, avec de nouveaux outils et de nouvelles formations", lâche son président. En discussion avec une banque coopérative, le groupement réfléchit aussi à des solutions pour soutenir les librairies en difficulté et aider aux transmissions "par exemple en portant les établissements le temps qu’ils trouvent un repreneur", poursuit Bruno Fermier.

"Toujours en mode projet" selon l’expression de ce dernier, le réseau Canal BD fêtera également en 2017 les 20 ans de l’enseigne avec force animations auprès des lecteurs.

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