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Bibliothèques départementales: investissements et collections en baisse

Bibliothèques départementales: investissements et collections en baisse

La synthèse réalisée par l'Observatoire de la lecture publique sur les données d'activité des bibliothèques départementales pour la période 2013-2016 a été dévoilée à Rodez, lundi 17 septembre, lors des journées d'étude de l'Association des bibliothécaires départementaux.

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Par Véronique Heurtematte, Rodez
Créé le 18.09.2018 à 16h11

L'Observatoire de la lecture publique du Service du livre et de la lecture du ministère de la Culture a dévoilé lundi 17 septembre la synthèse nationale des données d'activité des bibliothèques départementales pour la période 2013-2016.

Présentée par Cécile Queffélec, responsable de l'Observatoire de la lecture publique, devant près de 200 professionnels réunis à Rodez pour les journées d'étude annuelles de l'Association des bibliothécaires départementaux (ABD), l'enquête a mis en lumière une baisse tendancielle d'un certain nombre des données d'activité des bibliothèques départementales (BD). Des chiffres qui ont interpelé, voire inquiété certains professionnels présents, même si, comme l'a précisé Cécile Queffélec, ces statistiques dessinent des tendances dont le sens est parfois difficile à déterminer. "Il faut garder à l'esprit qu'il s'agit d'une synthèse et qu'aucune bibliothèque départementale ne ressemble à une autre", a averti la responsable de l'Observatoire de la lecture publique.

Des budgets d'investissement orientés à la baisse

Certains chiffres sont cependant frappants. Les dépenses d'investissement, hors documents, des bibliothèques départementales, en particulier, sont en forte baisse. Elles sont passées, pour l'ensemble des bibliothèques départementales, de 13,88 millions d'euros en 2012 à 11,94 millions d'euros en 2015, puis ont décroché à 7,24 millions d'euros en 2016, soit une baisse de 38,7 % en un an.

Les dépenses de personnel ont en revanche augmenté sensiblement passant de 1,13 million d'euros en moyenne par bibliothèque départementale en 2010, à 1,21 million en 2015, pour s'infléchir ensuite légèrement en 2016 à 1,20 million d'euros. Le nombre d'agents en équivalent temps plein est passé, quant à lui, pour l'ensemble des bibliothèques départementales, de 2 750 en 2010 à 2 650 en 2016.

Collections : moins d'imprimé, plus de numérique

Les dépenses documentaires des bibliothèques départementales sont également en baisse constante depuis 2010, à l'exception d'une hausse entre 2013 et 2014. Elles sont passées de 28,44 millions d'euros en 2010 pour l'ensemble des bibliothèques départementales à 25,42 millions d'euros en 2016. On peut y lire une diversification et une évolution des missions des bibliothèques départementales, avec une diminution de la desserte de documents et un renforcement des services de conseil et d'ingénierie.

La place du livre, auparavant centrale, a régressé dans les collections, les dépenses documentaires et l'activité des BD. En 2010, les collections globales des bibliothèques départementales totalisaient 25,5 millions de livres, elles n'en comptent plus que 23,7 millions en 2016. En 2010, les bibliothèques départementales achetaient en moyenne 14 200 livres imprimés, elles n'en achetaient plus que 10 800 en 2016. Les prêts de livres imprimés ont eux aussi diminué. En 2012, les bibliothèques départementales ont prêté 13,18 millions de livres, mais seulement 10,84 millions en 2016.

Le nombre de documents sonores a augmenté entre 2010 et 2015, passant de 33 600 documents en moyenne par biblitohèque départementale en 2010, à 38 000 en 2015, et s'est stabilisé depuis. Les acquisitions ont cependant considérablement diminué, de 39 % sur cette période, passant de 2 300 documents en moyenne par bibliothèque en 2010 à 1 400 en 2016.

Le nombre de documents vidéo a, de son côté, nettement progressé entre 2010 et 2016, avec +45%. Le nombre global des documents vidéo dans l'ensemble des BD est passé de 84 400 en 2010 à 1,21 million en 2016.

Les ressources numériques constituent le secteur qui s'est le plus développé sur la période. 82% des bibliothèques départementales proposaient des ressources numériques en 2016, contre seulement 54% en 2013. Ces ressources numériques pèsent à hauteur de 10% en moyenne dans le budget d'acquisition des BD. Leur soutien dans ce domaine aux bibliothèques des plus petites villes est important: 21% des bibliothèques des villes de moins de 2 000 habitants offrent des ressources numériques aux usagers, mais seulement 14% d'entre elles en achètent.

Des aides à la construction en forte diminution

La synthèse montre également la baisse très forte du montant des subventions attribuées par les BD aux collectivités territoriales de leur réseau pour l'aide à la construction et à l'aménagement. A l'échelle nationale, les bibliothèques départementales avaient consacré un peu plus de 22 millions d'euros à l'aide à la construction en 2015, mais seulement 12,18 millions d'euros en 2016, soit une baisse de 45%. En moyenne, chaque bibliothèque départementale a dépensé 393 500 euros pour l'aide à la construction en 2015, mais seulement 238 900 euros en 2016.

L'évolution est semblable pour l'aide à l'aménagement intérieur, passée de 4,67 millions d'euros au total pour l'ensemble des bibliothèques départementales en 2010 à 1,92 million d'euros en 2016, ce qui représente une baisse de 54%. Après plusieurs années de progression, l'aide à l'informatisation a également régressé au cours des dernières années, de 1,13 million d'euros en 2014 à 911 000 euros en 2016 en cumul national.
 
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"Ces chiffres constituent un point de repère intéressant mais il est indispensable de les utiliser avec une grille de lecture pertinente, en comparant par exemple des établissements qui desservent le même volume de population, a indiqué Anne-Marie Bock, coprésidente de l'Association des bibliothécaires départementaux, à Livres Hebdo. Il serait également instructif de rapprocher ces données des statistiques des bibliohèques municipales et intercommunales, avec lesquelles s'articule l'activité d'une bibliothèque départementale sur un territoire. La diminution des collections et des prêts de documents, par exemple, n'est pas forcément un indicateur négatif. Elle peut s'expliquer par le fait que, sur un territoire, les établissements de lecture publique se sont développés et ont moins besoin de l'aide de la bibliothèque départementale. De la même manière, la baisse des aides à la construction ne signifie pas que les bibliothèques départementales se désinvestissent. Elles interviennent de plus en plus souvent par des missions d'ingénierie, de conseil, d'accompagnement de projets qui ne sont pas comptabilisés dans la synthèse nationale car ce sont des activités qualitatives difficiles à chiffrer, et qui pourtant sont très précieuses pour les collectivités territoriales et pour le développement de  leurs réseaux de lecture publique."

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